La République démocratique et socialeEntre le réel et l'utopie: République démocratique et sociale, Association, commune, Commune
« Comment se fait-il que les socialistes, qui sont, en général, républicains, aient par deux fois, en 1848 et en 1871, attaqué un gouvernement républicain à main armée ? La réponse se fait aussitôt : c'est qu'au lieu de la république qui se présentait, ils voulaient la république démocratique et sociale. Soit ! mais alors qu'est-ce que la république démocratique et sociale ? »[i]
1848, 1871 : on a là deux situations qui présentent beaucoup d’analogies. Se pose la même question ; que va, que doit être la République, ce régime dont on n’a fait encore aucune expérience réussie ? Et dans les deux cas s’ébauche une réflexion sur la possibilité d’une République démocratique et sociale. On pressent immédiatement ce qu’il faut entendre par République démocratique et sociale : mais il est difficile de la définir précisément. Daniel Stern l’avait bien perçu : « Quant à la révolution que le peuple appelait sociale c'est-à-dire aux changements à apporter dans la relation du capital et du travail, dans la définition du droit de propriété et dans sa discipline, dans l'application de ce principe fondamental des constitutions démocratiques : ‘ la société doit à tous ses membres la sécurité de l'existence ’, la conscience publique était encore d'une part à l'état d'ignorance profonde, de l'autre à l'état d'aspiration confuse. » [ii]
Depuis février, le peuple se perçoit enfin comme sujet de la politique. Interrogé après Juin un insurgé répondait qu'il avait combattu pour la république démocratique et sociale. – « Qu'entendez-vous par république démocratique et sociale? — Le gouvernement des ouvriers. » Reste à définir ce « vrai » gouvernement. Le journal Le Travail Affranchi s’y est essayé : « Notre programme, c’est le programme de février, le programme de la République démocratique et sociale. » « L'ère des réformes purement politiques est close ; l'ère des réformes économiques ou des réformes sociales commence ». Mais ne fait guère que reprendre pour les commenter les grandes revendications ouvrières du moment : Droit au travail, fin de l’exploitation de l’homme par l’homme, organisation du travail par l’association, sans s’attarder sur la possibilité de leur réalisation. [iii]
Le maître mot après février est sans doute Association. Mais il peut avoir alors des résonances très diverses. « A travers les agitations de cette période, note André Cochut, une idée, ou plutôt un sentiment, s'était nettement dégagé, la foi dans l’association. Il s'en fallait de beaucoup qu'on fût d'accord sur les formules ; mais le principe, accepté par toutes les écoles, planait au-dessus de la discussion. C'était le cadre de toutes les réformes, le sujet d'une propagande incessante et passionnée à la tribune nationale, dans les réunions populaires, par la presse, par l'exemple. » La Commission du Luxembourg qui rassemblait des représentants de toutes les écoles réformatrices a échoué à trouver un accord sur une formule. « Si les hommes qui avaient siégé au Luxembourg, note-t-il encore, n'en rapportaient pas une formule d’association, ils en sortaient du moins avec une foi vive dans le principe, avec cette ardeur de prosélytisme qui ne voit pas les obstacles.. »[iv]
S’associer pour le travail. C’est un sentiment général et très fort chez les ouvriers parisiens ; l’organisation du travail par l’association[v] est pour eux une évidence, ainsi qu’en témoignent, parmi d’autres, ces réponses d’insurgés de Juin lors de leur interrogatoire : Pierre Giraud : « Par démocratique j'entends que tous les citoyens soient électeurs, et par sociale qu'il soit permis à tous les citoyens de s'associer pour le travail…. »[vi] Le mécanicien Racarie : « par République démocratique et sociale, j'entends l'éducation commune et obligatoire, et l’organisation du travail. [vii] Evidence Immédiate, et immédiatement réalisable. Rémi Gossez a décrit suffisamment pour qu’il ne soit pas nécessaire d‘y revenir l’essor et l’évolution du mouvement ouvrier républicain à Paris. Une multiplicité d’Assemblées générales et de sociétés fraternelles de métier. Après l’échec de Juin, le repli sur l’association partielle, essentiellement de production. Enfin les tentatives d’organisation unitaire, dont la dernière fut l’Union des Associations fraternelles de 1849/1850, animée par Jeanne Deroin et Pauline Roland. Cette même Pauline Roland s’exprime longuement à ce sujet dans une lettre du 10 mai 1850, reproduite par Ange Guépin dans sa Philosophie du socialisme,[viii] « Cette victoire qui a nom République, il s'agit aujourd'hui de l'organiser. [….] « Association et république sont deux termes identiques ». […] « L'association ouvrière représente en petit la grande société, la République. » […] « Parmi les faits qui […] doivent nous mener à l'établissement de ce monde encore idéal que le peuple acclame République démocratique et sociale, le fait le plus en évidence aujourd'hui, c'est l'association ouvrière. »
Mais l’association ouvrière n’est pas pour autant une fin : « Quant à moi, qui veux vous dire toute ma pensée, tout en préférant cet état à l'isolement dans lequel ont d'abord vécu les associations, je ne peux voir là encore un établissement durable et solide. L'association ouvrière n'est point à mes yeux la forme que prendra la société de l'avenir. Cette société s’établira dans l'Unité, elle sera communale, […] Enfin elle aura des bases religieuses et politiques qui aujourd'hui manquent à l'association ouvrière. […] Il faut associer les cœurs plutôt que les bras ou les activités, et le problème ne sera résolu que par l'association communale. » [ix]
Et Guépin de commenter : « N'accordons point à la corporation une puissance qu'elle ne doit point avoir, et craignons ses idées d'exclusivisme, d'antagonisme, d'égoïsme même. »[x] Il y a danger en effet que se constituent, non pas la vraie République démocratique et sociale, mais de multiples petites républiques ouvrières juxtaposées, d’atelier, de corporations, à l’instar de cette « République typographique » que fait acclamer Pierre Leroux lors du Banquet typographique de 1850.[xi] La seule association ouvrière ne peut suffire ; il faut l’association générale, totale.
Il n’est pas utile ici de revenir sur les origines saint-simoniennes, fouriéristes ou autres de l’idée d’association. On s’intéressera seulement à l’idée de l’association « communale ». N’est-ce là encore qu’une utopie, serait-ce déjà un projet réalisable, qui peut conduire à la République démocratique et sociale ? L’idée en vient pour l’essentiel du fouriérisme. Considerant l’a vulgarisée, dépouillée des aspects quelque eu excentriques imaginés par Fourier, dans l’Exposition du système phalanstérien qu’il a faite à Dijon en février 1841. Il assimile le phalanstère à lune commune.
:« Cette unité sociale, cette alvéole de la ruche, cette première agglomération, sans laquelle il n'y a pas de Société pratiquement réalisable, c'est ce que nous appellerons la commune. »[xii] C’est sur cette base que se va se construire l’édifice nouveau : « On voit qu'en définitive le globe n'est, comme la France, qu'un assemblage de communes. […] Donc, pour réaliser sur la terre une organisation sociale nouvelle, il faut la réaliser dans les communes, et d'abord dans une commune. Si le système est bon, il s'étendra successivement à toutes les autres, dans un temps plus ou moins long. Les communes étant organisées, il sera facile d'organiser et d'associer les départements, les provinces, les royaumes, les empires, les continents. »[xiii]
L’idée en est reprise en 1848 et 1849 par plusieurs démocrates socialistes, notamment par les feuilles communistes : pour le vieux militant cordonnier Antoine Fombertaux, éditeur de la Commune sociale : « Nous ne différons avec l'école phalanstérienne, que sur le principe de la répartition. Cette école dit : à chacun suivant son capital, son travail et son talent. Nous disons nous : à chacun suivant ses besoins. »[xiv] Jules Gay, dans Le Communiste[xv], prône une réforme radicale de l’administration, fondée sur le canton érigé en commune, et la fédération des communes.
Le projet probablement le plus précis en est formulé dans une suite d’articles de Constantin Pecqueur dans Le Salut du Peuple, journal de la science sociale[xvi] : science sociale, un terme cher aux fouriéristes. Pecqueur entend effectuer une synthèse entre l’apport du christianisme et les systèmes de Saint Simon, Fourier et Rousseau.[xvii] Il avait déjà longuement décrit dès 1840 la nécessité de l’association dans un long chapitre final Des améliorations matérielles dans leurs rapports avec la liberté, sans proposer toutefois encore une solution « communale.[xviii] Il reconnaît l’« urgence de l'association de toutes les corporations entre elles » et a immédiatement approuvé la formation de l’Union des Associations;[xix] mais il élargit aussitôt la perspective : « L'une des plus saines et des plus fécondes idées de la science sociale moderne, ça a été de faire un petit monde organisé de chaque commune et de chaque groupe de communes ou du canton ; c'est-à-dire une grande association où soient cumulées et simultanément exploitées l'agriculture, la manufacture, toutes les sphères de l'activité humaine ; où soient réunis toutes les conditions de sécurité et d'économie, tous les éléments de civilisation et de perfection. »[xx]
Il est aussitôt évident que commune telle qu’elle existe est une circonscription trop petite pour réaliser le projet : d’où l’idée de réunion de plusieurs communes en une « commune-canton » d’une dizaine ou une vingtaine de milliers d’habitants. Dézamy l’avait proposé en 1842 dans son Code de la Communauté : « Pour que tout se passe dans un bel ordre, il importe d’abord de diviser la grande communauté nationale ou sociale en autant de communes, dont le territoire devra être le plus égal, le plus régulier et le plus ensemble possible. Toutes ces petites communes se relieront entre elles pour former des collections ou séries de communes, suivant que l'indiquera la situation géographique et la nature des lieux. Ainsi, un certain nombre de communes formeront une province, un certain nombre de provinces formeront une République, et enfin toutes les diverses républiques réunies formeront la grande communauté humanitaire. » [xxi] Pecqueur en reprend l’idée : « Une commune, une portion de commune, quelques fermiers ou propriétaires étant une fois associés, toutes les autres portions de la même commune, et finalement toutes les autres communes, subissant la loi de perfectionnement, s'associeront, pour n'être pas écrasées par la supériorité de la commune-modèle dans l'arène de la concurrence. » Pour éviter tout risque d’anarchie, il admet, au sommet de l’édifice des communes-cantons associées, une régulation nécessaire par ce qu’il nomme un « état peuple », pouvoir modérateur, coordinateur des « spontanéités, encore mal défini et peu convaincant : « Habituons-nous donc à l'idée qu'une société démocratiquement constituée, avec son Etat, c'est-à-dire avec ses représentants, n'est pas autre chose qu'une association avec son gérant et son conseil d'administration. »[xxii] Est-ce la encore un « état », ou déjà cette simple « administration des choses » que recherchait Saint-Simon ?
Un gouvernement « direct »
De tout autre origine, va se greffer sur le projet l’idée d’un « gouvernement direct » de la République. En septembre 1850, l’Allemand Rittinghausen publie un court opuscule, La législation directe par le peuple ou La véritable démocratie.[xxiii] « Demandez la république démocratique et sociale, disait-on aux masses ; mais la définition de cette république ne fut jamais donnée. La démocratie présentait et présente encore un chaos de systèmes se combattant les uns les autres avec plus ou moins de violence, mais elle ne s'appliquait nullement à doter le pays d'un gouvernement qui permît de réaliser tout ce qu'il y a de bon et d’utile dans toutes les théories,. […] Le gouvernement représentatif, celte pierre angulaire, cette source permanente du règne de la bourgeoisie, pouvait-il être un moyen d'exécution dans les mains de la démocratie ? »[xxiv] Seule une législation directe, ou vraie démocratie peut être le fondement du gouvernement d’une République démocratique et sociale à venir. L’idée peut paraître séduisante, mais le projet reste à l’état rudimentaire, et les arguments de Rittinghausen sont sommaires.[xxv] Considerant pourtant acquiesce aussitôt à l’idée et publie à son tour, en décembre 1850, un texte mieux argumenté : La Solution,ou le Gouvernement direct du Peuple.[xxvi] Il n’y propose pas cependant l’hypothèse communale comme forme possible de la législation directe, entendant laisser démocratiquement s’affronter sur le sujet les initiatives les différentes écoles socialistes. L’idée va être reprise et abondamment discutée. En témoigne Joseph Benoît : « Ce fut aussi en 1850 que Rittinghausen souleva la question du gouvernement direct, dont l’idée fut développée par Victor Considérant alors proscrit en Belgique. Ledru-Rollin, Joigneaux vinrent à leur tour la développer sous d’autres formes et la présenter chacun sous un jour différent. [...] Au reste cette question se discuta jusqu’au 2 décembre et fut toujours neuve et palpitante d’intérêt. […] Jamais question ne fut peut-être aussi bien étudiée et examinée sous toutes ses faces. »[xxvii]
Idée abondamment discutée, mais refusée par la Montagne. Le projet suscite aussitôt et classqiuement une réponse vigoureuse de Louis Blanc ; Plus de Girondins ! invoquant classiquement l’unité et l’indivisibilité de la République. [xxviii] Se référant préférentiellement à une autre grande source de référence de l’idée dune souveraineté populaire réelle, la Constitution de 1793, Jean-Baptiste Millière publie en avril 1851 (il l’avait écrit en réalité dès août 1850) : Constitution de la démocratie ou le gouvernement direct du peuple par-lui même.[xxix]. Enfin, paraît en septembre 1851, de Renouvier, Fauvety et quelques autres, un texte qui veut formuler définitivement le projet d’un Gouvernement direct par l’Organisation communale et centrale de la République..[xxx] L’ouvrage peut paraître passablement indigeste : il ne l’est que par souci d’exhaustivité, s’efforçant de traiter dans le plus grand détail toutes les grandes questions du moment : système politique et administratif qu’il axe sur la commune-canton, enseignement, justice, Finances, système de crédit par banques communales, contributions publiques, pour l‘état et pour la commune, force publique ... , bref, toutes les réformes qu’il faudrait réaliser lors d ‘une révision nécessaire de la constitution en 1852. Publié deux mois avant le coup d’état, le livre a été peu distribué ; il aurait eu cependant quelque audience dans les classes populaires, ainsi que le note une Pauline Roland attentive à toute proposition de régénération sociale : « La question du gouvernement direct [...] fait des progrès dans les ateliers. Cette question m'occupe personnellement au plus haut point, et je ne suis contente ni de Rittinghausen, ni de Considerant, ni de Louis Blanc, bien moins encore de Ledru-Rollin, Girardin [...] qui n'y voient qu'une réclame électorale. Je mets à part les travaux de la Feuille du peuple et par conséquent la brochure de Renouvier et Fauvety publiée [...] sous le titre Gouvernement direct, organisation communale et centrale de la république. Lisez cela et faites la lire à nos amis. Ce n'est pas parmi les bourgeois qu'il importe le plus de répandre la vérité, mais parmi nous autres prolétaires, en qui réside la force. »[xxxi].
Aurait-on trouvé la formule d’une République vraiment démocratique et réellement sociale. Il n’y a là rien encore d’abouti, de réellement achevé : plus que d’un effort de synthèse, on a l’impression d’une juxtaposition de problèmes s’éparpillant dans de multiples directions. Il s’agissait de tout régénérer, et l’entreprise, immense, ne faisait encore que s’esquisser. Discutée, remaniée, simplifiée, l’idée toutefois s’est répandue, principalement dans l’émigration. Ledru-Rollin à Londres, dans une brochure du 16 février 1851 : Plus de président. Plus de représentants, puis dans un article d’avril : Du Gouvernement direct du Peuple reprend l’idée d’un gouvernement direct du peuple, s’inspirant pour sa part de Rousseau et de la constitution de 1793. « La souveraineté, n’étant que l’exercice de la volonté générale, ne peut jamais s’aliéner. » […] « Le souverain, qui n’est qu’un être collectif, ne peut être représenté que par lui-même - de là le gouvernement direct du peuple. » Une chambre composée de mandataires élus pour une brève durée proposerait les lois qui seraient soumises à référendum obligatoire.
La petite fraction émigrée La Commune révolutionnaire adresse en 1852 une longue Lettre au Peuple, projet d’une république universelle, démocratique et sociale. « Plus de gouvernement représentatif, plus de Souveraineté déléguée, plus de volonté à part du peuple, plus d'autorité en dehors du peuple, […] mais le peuple-état, le gouvernement direct du peuple, le peuple se gouvernant, se représentant lui-même, faisant lui-même sa besogne de souverain, exerçant lui-même son autorité, tous ses pouvoirs, en seul et vrai roi qu'il est, c'est-à-dire votant là loi toujours modifiable, et nommant ses agents toujours révocables, quand et comment il lui plait. Jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de gouvernement du tout, jusqu'à ce que la majorité, qui tend à devenir de plus en plus grande, atteigne l'idéal et devienne l'unanimité. »[xxxii] Déjacque, invoquant pêle-mêle Fourier, Proudhon, Pierre Leroux, bien d’autres, dans la Question sociale, publiée à Londres en 1854, accepte provisoirement l’idée d’une législation directe mais croit en son dépassement final : l’absence de tout gouvernement : « La législation directe, avec sa majorité et sa minorité, n’est certainement pas le dernier mot de la science sociale, car c’est encore du gouvernement […] Mais puisque la souveraineté individuelle n’a pas encore de réelle formule, que je sache, qu’elle est encore à l’état d’intuition dans les esprits, il faut bien se résoudre à ce qui est applicable, c’est-à-dire à la forme la plus démocratique de gouvernement, en attendant son abolition absolue. » Il va jusqu’à prophétiser : « Je crois qu’à la prochaine prise d’armes de la démocratie sociale, la législation directe pourra être et sera décrétée par le peuple de Paris sur ses barricades et acclamée ensuite par le peuple des départements. »[xxxiii]
Est-on déjà dans le réel, verse-t-on encore dans l’utopie ? L’Empire s’est imposé, et avec lui despotisme, la confiscation du suffrage: l’Empereur est seul vrai représentant du peuple. Nécessité s’impose à l’opposition républicaine de bien définir cette République qu’on continue d’espérer. L’idée « communale » semble avoir continué de cheminer plus ou moins obscurément. Une frange au moins du parti républicain a senti dans les années 1860 la nécessité de s’intéresser à l’institution qui est en somme le niveau de base de la démocratie : la commune. C’est un point que développe– quoique sur des bases qui ne sont pas toujours très sûres - l’historien anglais Sudhir Hazaareesingh : From subject to citizen…[xxxiv] Il se serait constitué un « Tiers parti » prônant le « municipalisme républicain », juste milieu entre la vieille tradition « jacobine » du parti et la tendance fédéraliste d’un Proudhon. Presque tous les théoriciens républicains en conviennent désormais : c’est au niveau local, quotidien au sein de la commune,, que se fait l’apprentissage de la démocratie. Le thème est longuement développé en 1863 par Vacherot dans La Démocratie.[xxxv], en 1867 par Jules Simon dans La Liberté politique.[xxxvi] Jules Barni en 11870/1871, dans son Manuel républicain, reprend même le terme d’alvéole cher aux fouriéristes.[xxxvii] « La commune est le point de départ de cette vaste association qui constitue une nation, et dont elle représente l’unité politique. Elle est comme l’alvéole de l’Etat. On pourrait dire aussi avec justesse que la commune est l’image abrégée de l’Etat, ou que l‘Etat est l’image agrandie de la commune. »
Dans cette perspective républicaine modérée, les droits de la Commune sont limités, uniquement ou presque aux domaines administratifs. » Les républicains radicaux vont beaucoup plus loin. Peu à peu, la forme d’un possible gouvernement communal se précise à nouveau. Il n’est pas utile de revenir longuement sur l’influence d’un Proudhon, auquel on ne saurait se limiter : il défend d’ailleurs l’idée d’un fédéralisme généralisé plus qu’il ne s’attarde sur le principe communal.[xxxviii]. Il en propose cependant une définition déjà concrète dans De la Capacité politique des classes ouvrières. « La commune est comme l’homme, comme la famille, comme toute collectivité intelligente, un être souverain. La commune a le droit de se gouverner elle-même, de s’administrer, de s’imposer des taxes, de créer pour sa jeunesse des écoles, de faire sa police, de nommer ses juges, d’avoir ses journaux, ses réunions, ses sociétés particulières. […] La commune prend des arrêtés, rend des ordonnances, qui empêche qu’elle aille jusqu’à se donner des lois ? Elle discute publiquement au sein du conseil municipal tout ce qui se passe en elle et autour d’elle. Voilà ce qu’est une commune, car voilà ce qu’et la vie collective, la vie politique. »[xxxix]
Le journal La Réforme, publie un projet général déjà élaboré, dans son manifeste du 4 juillet 1868 ; « Responsabilité effective et permanente de tous les agents du pouvoir, quel que soit leur rang. » […] « Les communes, les cantons et les départements affranchis de le tutelle administrative pour tout ce qui concerne les intérêts locaux, et administrés par des mandataires librement élus. […] L’unité nationale fermement maintenue pour tout ce qui concerne les intérêts généraux du pays ».[xl]
Le « sergent » Boichot, qui a été de la Commune révolutionnaire, publie à son tour en 1869 Questions de demain. : « L’individu sera naturellement le premier élément de l’association. Son premier groupe ou noyau sera la commune ; la nation sera le second ; viendra ensuite le troisième, la fédération européenne. » Vermorel encore, dans Le Parti socialiste (1870), convoquant les autorités de Montesquieu, d’Argenson, des constituants de 1789, des textes de Mirabeau ou Robespierre, rendant Proudhon lisible et apparemment praticable s’efforce de formuler un programme d’ensemble.. « La commune devrait être l’école de la vie publique ; la participation à son administration habituerait les citoyens à la responsabilité et au mécanisme de l’action politique ; elle stimulerait les initiatives, multiplierait les foyers d’intelligence, établirait une saine émulation entre les diverses localités ; répandrait et entretiendrait la vie sur tous les points du pays. » [xli] Un fouriérisme à peu près orthodoxe a lui aussi son mot à dire, avec le projet d’une « Commune sociale » de Jules Allix, présenté dans les réunions publiques devant la très populaire assemblée des Folies Belleville en octobre 1869, ou celle du boulevard de Clichy en décembre,. Mais il ne s’agit que de l’organisation sociale d’une commune de base « rationnelle et égalitaire », non d’un effort de reconstruction de l’édifice politique national. On retiendra ici surtout les réflexions d’un Millière dans une longue séries d’articles de la Marseillaise en 1869/1870. Il anticipe pour une large part sur ce que sera la République communale de 1871. La souveraineté du peuple est un « principe absolu ». En découle la nécessité du gouvernement direct par des mandataires, commis, avec constant contrôle populaire.. Le moyen, une dictature révolutionnaire de Paris.[xlii] « Elle s’exerce momentanément par le peuple de Paris en vertu de l’initiative qu’il a prise et de l’assentiment de la France entière, pendant le temps nécessaire pour organiser la souveraineté du peuple dans toutes les communes de la République. Lorsque cette organisation définitive fonctionnera régulièrement, la nation d’administrera elle-même. En attendant, le peuple de Paris devrait pourvoir aux questions les plus urgentes .»[xliii] Dictature provisoire, de l’exemple : c’est ce que redira la Déclaration au Peuple français du 19 avril1871. Paris n’impose rien, il n’est qu’un guide éclairé qui a l’initiative de la grande réforme, « l’introduction faite successivement dans les lois générales de la solidarité des intérêts c’est-à-dire des principes communautaires. » Le peuple sera organisé dans chaque quartier par sections. La commune est gérée par toutes les personnes majeures, y compris les femmes, réunies en assemblée générale, avec un bureau permanent élu. Ses administrateurs élus chaque année. À sa tête, une commission exécutive, fonctionnant sous un contrôle vigilant du public ; à son service, des fonctionnaires élus et révocables.. Bref, dit Millière, un « gouvernement direct, mais sans anarchie ». Au programme pour commencer l’Abolition des armées permanentes, remplacées par une garde nationale . la séparation de l’église et de l’état,, l’expropriation des établissements industriels et agricoles mis au chômage ou non exploités,.. Millière traite plus rapidement d’un problème tout de même essentiel, prévoir comment rénover les communes rurales. Il suggère la réorganisation des celles-ci en groupes comprenant « un nombre d’habitants assez nombreux pour que toutes les conditions de la sociabilité puissent se rencontrer… » Ces groupes s’approprieront le sol pour une production en commun, avec répartition selon les besoins. Une autorité nationale est représentée dans chaque commune par un fonctionnaire : et il ne faut se garder de briser l’unité nationale. : « Nous avons fait la part de la Commune aussi large que le prescrit et le permet la nature des choses. […] Aller plus loin ce serait la désagrégation des parties constitutives de la nationalité. Revenir au fédéralisme communal, ce serait reculer vers le passé. »[xliv]
Dans le mouvement proprement ouvrier s’ébauche dans le même temps, quoique encore indirectement, une solution qui s’efforce cette fois de retrouver une liaison intime entre le mouvement d’émancipation politique et le mouvement d’émancipation économique et sociale. Au Congrès de l’Internationale de Bâle en 1869, Rittinghausen, appuyé par des délégués suisses, avait demandé – sans succès - qu’on inscrive à l’ordre du jour le gouvernement direct comme sixième question. La question est malgré tout soulevée dans le rapport présenté par Pindy, délégué des ouvriers menuisiers de Paris, au nom de la Commission chargée de la question de l’organisation des sociétés ouvrières de résistance. Le groupement des différentes corporations par ville « forme la commune de l’avenir. […] Le gouvernement est remplacé par les conseils de corps de métiers réunis, et par un comité de leurs délégués respectifs, réglant les rapports du travail qui remplaceront la politique ». La proposition est appuyée par le délégué belge Hins : « Les sociétés de résistance […] seront l'organisation du travail. […] Elles remplaceront les anciens systèmes politiques ; au lieu d'une représentation confuse et hétérogène, on aura la représentation du Travail. » Ainsi tend à se renouer le lien si évident en 1850, quelque peu oublié depuis, entre projets de gouvernement communal direct et association ouvrière.[xlv]
La Commune s‘est voulue à l’évidence République démocratique et sociale. L’expérience, excessivement brève, n’en a pas été vraiment éclairante. Chacun des groupes politiques participants a tenté de donner sa propre définition du mouvement . Le Comité central de la Garde nationale insiste dès les premiers jours plutôt sur les franchises municipales nécessaires, les droits de la cité. « Vous êtes appelés à élire votre Assemblée communale (le conseil municipal de la ville de Paris). […] Le droit de la cité est aussi imprescriptible que celui de la nation ; la cité doit avoir, comme la nation, son Assemblée, qui s'appelle indistinctement Assemblée municipale ou communale, ou commune. » [xlvi]
Le Comité central des Vingt arrondissements, dans un manifeste du 26 mars, affirme lui aussi, avec davantage de précision, le « droit imprescriptible de toute cité de s'administrer soi-même, de diriger les faits de sa vie intérieure, municipale, laissant au gouvernement central l'administration générale, la direction politique du pays. » […] « La Commune est la base de tout état politique, comme la famille est l'embryon des sociétés. Elle doit être autonome, c'est-à-dire se gouverner et s'administrer elle-même suivant son génie particulier, ses traditions, ses besoins ; exister comme personne morale, conservant dans le groupe politique, national et fédéral, son entière liberté, son caractère propre, sa souveraineté complète, comme l'individu au milieu de la cité. »[xlvii]
Pour l’Association Internationale de Travailleurs, « L'insolidarité des intérêts a engendré la guerre sociale ; c'est à la liberté, à l’égalité, à la solidarité qu'il faut demander d'assurer l'ordre sur de nouvelles bases, de réorganiser le travail, qui est sa condition première. L'indépendance de la Commune est le gage d'un contrat dont les causes, librement débattues, feront cesser l'antagonisme des classes et assureront l'égalité sociale. »[xlviii] La Déclaration de la Commune au Peuple français du 19 avril tente sans convaincre, vraiment de faire l’accord entre une majorité jacobine, qui désormais entend s’inspirer de la constitution décentralisatrice de 1793 et une minorité de socialistes plus sensible aux problèmes de l’association ouvrière. L’idée de commune canton n’était pas pour autant oubliée. Lissagaray, qui n’a pas de mots assez durs pour qualifier la molle Déclaration du 19 avril, y fait en 1876 dans son Histoire de la Commune une allusion tout à fait explicite : « Pourquoi ne pas reprendre la formule du 29 mars : A la Commune ce qui est communal, à la Nation ce qui est national, définir la Commune future, assez étendue pour que la vie politique y soit possible, assez limitée pour que les citoyens puissent facilement combiner leur action sociale, la Commune de quinze ou vingt mille âmes, la Commune-canton, exposer nettement ses droits et ceux de la collectivité. »[xlix]
Ces essais, malhabiles et incomplets, naissaient pourtant sur un terrain déjà préparé. Rédigés dans la précipitation d’une trop courte expérience, aucun ne pouvait avoir la portée des projets construits pendant les trois années 1849/1851. Ce ne sont pas les trois mois d’expérience de la Commune de Paris qui permettent de faire la lumière sur le difficile problème de la définition, et plus encore de la réalisation dune République démocratique et sociale. De surcroît, les divergences ultérieures d’interprétation du mouvement de 1871, axées presque seulement sur le problème de la nature et du rôle de l’Etat ont fait quelque peu oublier les efforts de réflexion pour la construction une République communale.
César De Paepe a tenté en 1874, au Congrès de l’Internationale de Bruxelles, mais sans grand écho ailleurs qu’en Belgique, de mettre au clair la question dans un très long rapport sur la question des services publics, qu’il entendait répartir entre les Communes autonomes à venir et un état central qui demeurait malgré tout nécessaire. « À la conception jacobine de l'État omnipotent et de la Commune subalternisée, nous opposons la conception de la Commune émancipée, nommant elle-même la législation, la justice et la police… » [ …] « La commune devient essentiellement l'organe des fonctions politiques ou que l'on a appelées telles : la loi, la justice, la sécurité, la garantie des contrats, la protection des incapables, la vie civile, mais elle est en même temps l'organe de tous les services publics locaux; l'État devient essentiellement l'organe de l'unité scientifique et des grands travaux d'ensemble nécessaires à la société. Décentralisation politique et centralisation économique, telle est, nous semble-t-il, la situation à laquelle aboutit cette conception nouvelle des fonctions respectives de la Commune et de l'État. » [l]
Les Allemanistes, qui sont parmi les socialistes divisés de la fin du siècle les rares qui soient restés fidèles au souvenir de la Commune, se font les champions d’un « socialisme communal ». Au Congrès International de Zurich d’août 1893, ils défendent le projet d’une législation directe du peuple, préconisant la suppression de tous les corps légiférants, Chambre des députés, Sénat et autres, et leur remplacement par un législatif décentralisé jusqu’à la commune.[li] Le «socialisme communal », vite oublié, s’est peu à peu rétréci, dilué en un simple socialisme municipal. Les temps de surcroît ont changé : fin du cycle révolutionnaire, interrogations sans fin sur la nature de l’état, problème des services publics soulevés par De Paepe … A partir du moment où les syndicats sont autorisés, où l’association peut enfin se développer librement, se pose tout particulière,la question, déjà soulevée en 1848, de leur place et de leur rôle dans l’édifice administratif. Que pet être un socialisme de l’association ? Celle-ci ne lèse-t-elle pas les droits de l’individu ? Dans quelle mesure et en quoi peut-elle être une école de démocratie ? C’est ce qu’a tenté notamment de cerner l’équipe de la Revue socialiste de Malon et de ses successeurs, parmi lesquels Eugène Fournière, auteur d ‘un projet de « sociocratie » : « A présent, l'association est devenue un des modes nécessaires d'expression de la démocratie, et c'est dans les pays où les libertés politiques sont le plus complètes qu'elle s'est le plus développée avec le concours désormais acquis des lois et de l'action publique. »[lii] Enfin et surtout comment parvenir à lier les associations ensemble, à effectu« une totalisation de ces démocraties partielles […] pour équilibrer toutes les forces, résoudre en accord toutes les oppositions et, dans une démocratie renouvelée, transformée en sociocratie, réaliser l'individu libre et fort qu'ont voulu la philosophie du XVIIIe siècle et sa Révolution. » ? [liii]
On parle de moins en moins de République démocratique et sociale, et tend au fond à s’y substituer le terme allemand de « social-démocratie » qui en appauvrit singulièrement la portée. Elle reste cependant à l’évidence l’idéal majeur à atteindre, et toujours difficile à cerner ; c’est qu’il s’agit désormais de rien de moins que de définir ce que devrait être un socialisme réel.
[i] E. Littré, « Remarques sur le socialisme », La Philosophie positive, revue dirigée par E. Littré et G. Wyroubov, vol 7, a 4, n°30, p. 424. [ii] D. Stern, Histoire de la Révolution de 1848, vol. 2, p. 351. Ou encore L’Atelier, décembre 1848 : « On conçoit que tels et tels songent à des réformes sociales ; qu'ils aient de nouveaux systèmes sociaux à faire prédominer ; on conçoit qu'au lieu de vouloir une révolution purement politique on veuille faire une révolution sociale, c’est-à-dire, qui change la condition sociale des classes qui composent la société. Mais comprend-on ce que peut vouloir dire une République démocratique et sociale ? […] Il y a autant de systèmes socialistes qu'il y a d'individus qui professent la formule; par conséquent on ne sait pas ce que c'est que la République démocratique et sociale, sinon qu'elle est une promesse vague d'améliorations que les travailleurs sont d'autant plus portés à exagérer qu'ils sont plus malheureux. C'est une promesse trompeuse qui prépare au peuple d'amères déceptions, voilà tout. » [iii] Le Travail Affranchi journal des associations ouvrières, - fondé par François Vidal, Alphonse Toussenel, Victor Meunier , Léopold Graffin. Pierre Vinçard, numéro spécimen, tout début 1849. [iv] André Cochut, Les associations ouvrières Histoire et théorie des tentatives de réorganisation industrielle opérées depuis la révolution de 1848. Au bureau du National, 1851, 112 p. [v] Association, organisation du travail ; deux termes associés presque exactement synonymes,comme le note le Journal des Economistes, 1er juillet 1848. « Deux formules sont plus générales que les autres : l’Association et l’Organisation du travail. Au fond, elles ont, dans l'esprit de ceux qui s'en servent, le même sens. L'une a précédé l'autre : la vogue a commencé par celle de l’Association pendant cinq ou six ans, on a préféré la seconde; depuis février, on les combine volontiers pour totaliser les deux influences. » [vi] Pierre Giraud, dit l’Assommeur, AHG, A 3447, cité par R. Gossez, Les Ouvriers de Paris, p. 8. [vii] Procès des insurgés des 23, 240 25 et 26 juin 1848, vol. 1, p. 57. [viii] Philosophie du socialisme, p. 680 sq. [ix] Ibid., p. 693/684 . « Je vous dirai donc que ce que nous avons tenté de faire à Boussac de 1844 a 1848 est à mes yeux bien plus dans la voie de l'avenir que tout ce qui a été essayé, soit par les fouriéristes, qui sur divers points ont des commencements de phalanstère, soit par les associations ouvrières, dont les membres n'ont trop souvent entre eux d'autre lien que l'instrument de travail autour duquel ils se rassemblent. » [x] Ange Guépin, Le Socialisme expliqué aux enfants, p.107. [xi] Discours reproduit dans l’Almanach des Corporations nouvelles, 1851, p. 71 sq. : « Vous voulez proclamer la République typographique. Alors maîtres collectivement de l’instrument de travail, il n’y aura plus parmi vous de monarque, et vous serez tous associés. » [xii] Bases de la politique positive : Manifeste de l’école sociétaire fondée par Fourier, 1ère édition 1841, sans nom d’auteur et bureau de la Phalange, 1842, sous le nom de Considerant, 218 p. [xiii] Exposition abrégée du Système phalanstérien de Fourier recueillie par P.-C.-E. Mo....e. (sic). Compte –rendu. Extrait du Journal de la Côte d’Or, p. 45. [xiv] Commune sociale, n°1, décembre 1848. [xv] Le Communiste, un seul numéro, mars 1849. [xvi] Pecqueur, Le Salut du Peuple, journal de la science sociale, n° 1,10 décembre1849/ n° 6, 10mai 1850. [xvii] — Jésus-Christ et toutes les Bibles pour la formule fondamentale de la morale, pour la face spirituelle du problème économique ; — le saint-simonisme (le saint-simonisme primitif dont nous avons fait partie en 1830 et 1831), pour la face sociale, gouvernementale et historique ; — Fourier pour la face matérielle de l'association et de la solidarité ; — Rousseau et la Révolution française pour le côté politique et l'esprit d'égalité et de liberté.» [xviii] Des améliorations matérielles dans leurs rapports avec la liberté, librairie de Charles Gosselin, 1840, 366 p. [xix] Le Salut du peuple, n°1, 10 décembre 1849. « Voilà le Socialisme en action : le Socialisme orthodoxe, celui qui tendant à l'unité comme à l'idéal complet, établit la solidarité non seulement entre les individus membres d'une même association, mais entre toutes les associations, et leur donne pour esprit, pour principe, la fraternité ; pour mesure l'égalité ; pour but la liberté véritable, le bonheur par la perfection. » [xx] Le Salut du Peuple, n° 3, 10 février 1850. [xxi] Code de la Communauté, novembre 1842, chapitre III, p. 31. [xxii] Le Salut du Peuple, n° 1, décembre 1850. [xxiii] Moritz Rittinghausen, La Législation directe par le peuple ou la véritable démocratie, Librairie phalanstérienne, décembre 1850,48 pages. Le texte en avait précédemment a été publié en trois articles dans la Démocratie pacifique en septembre 1850, mai et novembre 1851. [xxiv] La Législation directe, p .8. [xxv] Ritinghausen développera son ouvrage dans une seconde édition de 1851 ; la Législation directe et des adversaires, C. Murquardt, 1852, 240 p.. [xxvi] Considerant : La Solution, ou le Gouvernement direct du Peuple, Librairie phalanstérienne, décembre 1850 et février 1851, 234 p. Le livre, il porte en double exergue : « La souveraineté ne peut être représentée, par la même raison qu’elle ne peut être aliénée. Les députés du peuple ne peuvent être que ses commissaires. Toute loi que le peuple en personne n’a pas ratifiée est nulle. » J.-J ROUSSEAU. « Si vous voulez soustraire le grand nombre?à l'oppression du petit nombre, cherchez?l'art de corporer le grand nombre, et de lui ?donner une puissance active qui ne soit jamais déléguée. » FOURIER. [xxvii] Joseph Benoît, Souvenirs de la République de 1848, Genève, 1855, p. 245. [xxviii] Doctrine de l’Etat. Plus de Girondins ! La République une et indivisible, ?C. Joubert, 1851, ?108 pages. [xxix] Librairie de la propagande démocratique et sociale, avril 1851, 54 p., et du même Millière, même librairie Etudes révolutionnaires,, 1851, 159 pages, [xxx] Gouvernement direct. Organisation communale et centrale de la République. Projet présenté à la Nation pour l'organisation de la Commune, de l'Enseignement, de la Force publique, de la Justice, des Finances, de l'État, par les citoyens H. Bellouard, Benoît du Rhône, F. Charrassin, A. Chouippe, Edan, Ch. Fauvety, Gilardeau, Ch. Renouvier, J. Sergent, etc., Paris, Librairie républicaine de la Liberté de penser,1851,421 p. Plusieurs chapitres en ont été publiés dans la Feuille du Peuple, de Fauvety et Félix Pyat, d’avril à octobre 1851. Sur ce projet, voir Guy Thuillier, Bureaucratie et bureaucrates en France au XIXe siècle, Librairie Droz, 1980, 670 p. Le Gouvernement direct de Charles Renouvier, p 83 sq. Bon résumé de l’ouvrage dans Joseph Benoît, Souvenirs de la République de 1848, p. 245 sq. et 209 sq. [xxxi] Lettre de Pauline Roland à Tremblay, 23 mai 1851, citée par M. Riot- Sarcey, Le Réel de l’Utopie, p. 297. [xxxii] Lettre au Peuple, A nos concitoyens de France et d’exil, Londres 1852, signée de Pyat, Caussidière, et Boichot [xxxiii] Joseph Déjacque, La Question révolutionnaire, 1854, New York, 64 p., et Le Libertaire, journal du mouvement social, « la législation directe et universelle »,, 1859, n° 15, 29 juillet, n° 16, 18 août. [xxxiv] Sudhir Hazareesingh. From Subject to Citizen: The Second Empire and the Emergence of Modern French Democracy.Princeton: Princeton University Press, 1998, 393 p. [xxxv] Etienne Vacherot, La Démocratie, F. Chamerot, 1860 - ?400 p. « La commune n’est pas […] une simple unité administrative ; c’est la société[…] dans son commerce le plus direct, le plus fréquent, le plus intime. » [xxxvi]Jules Simon, La Liberté politique, L. Hachette et cie 1867, 369 p. « La stabilité, la grandeur des institutions communales est la plus sûre de toutes les garanties de l'ordre dans les commotions politiques. » p. 286/287. [xxxvii] Manuel républicain par Jules Barni, Germain Ballière, 1872, 130 p.Paru en 1872, l’ouvrage est la réédition d’une série de textes publiés en 1870 à la demande de Gambetta pour le Bulletin de la République édité à Tours. [xxxviii] Du principe fédératif et de la nécessité de reconstituer le parti de la révolution, Dentu 1863. [xxxix] De la Capacité politique des Classes ouvrières, Dentu 1865, p. 226. [xl] La Réforme, Journal du progrès politique et social, Organe de la Coopération, 4 juillet 1868. [xli] Auguste Vermorel, Le Parti socialiste, 1870, p. 162 [xlii] La Marseilaise, n° 23, 10 janvier 1870. [xliii] Ibid. n° 29, 16 janvier 1870 [xliv] Ibid., n° 40, 27 janvier 1870. [xlv] Compte-rendu du Congrès de Bâle. Rapport de Pindy au nom de la Commission chargée de la Question des Sociétés de résistance. [xlvi] Affiche du 22 mars 1871. [xlvii] Cri du Peuple, 26 mars 1871. [xlviii] Affiche du 23 mars 1871. [xlix] Histoire de la Commune, chapitre XVI, p. 212 : Le Manifeste de la Commune. [l] Le rapport n’a été diffusé qu’à un très petit nombre d’exemplaires. Il est intégralement reproduit dans la Revue socialiste de1889 : César De Paepe, « Des Services publics », pp.299 sq., 422 sq, 726 sq. [li] Congrès International de Zurich 1893. La législation directe par le peuple. Le Cercle typographique d'études sociales de Paris, aux délégués des organisationsouvrières et socialiste représentées au Congres de Zurich. Pour le Cercle typographique de Paris: Le rapporteur, J. Allemane . Le secrétaire, L. Langevin. « Chose étrange!, observe ironiquement Allemane, ce sont les compatriotes du grand Karl Marx qui, aujourd'hui, sont le plus éloignés de ses principes. Le grand théoricien allemand l'a dit : la commune ne doit pas être parlementaire ; elle doit être ouvrière, à la fois législative et exécutive. Qu'est-ce là, sinon la législation directe par le peuple ? » [lii] Eugène Fournière, L’individu, l’association et l’Etat, Félix Alcan 1907, p. 205. [liii] Eugène Fournière, La Sociocratie, Essai de politique positive, Giard et Brière , 1910, p. 104/106 .
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